La remédiatisation, ou transfert d’une œuvre d’un support médiatique à l’autre, s’est imposée comme un enjeu capital des recherches en narratologie. L’intérêt pour ce mécanisme dépasse toutefois le seul domaine des études du récit. Son importance est due à trois facteurs au moins. D’abord, la place sans cesse accrue des phénomènes de traduction et d’adaptation dans les sociétés médiatiques (Hutcheon et O’Flynn 2012). Ensuite, la multiplication de stratégies transmédiatiques dans la production culturelle des conglomérats et les concentrations: les grands groupes de communication déclinent les mêmes produits sous plusieurs formes médiatiques, les récits, les personnages et les mondes étant conçus d’emblée de manière à pouvoir migrer facilement d’une forme médiatique à l’autre (Jenkins 2016; Baroni 2017). Enfin, et de manière plus globale encore, le tournant médiatique des études du texte et du récit, qui envisage les productions matérielles en rapport avec les propriétés matérielles et le contexte médiatique du support qui les voit – et fait ! – naître. Dans cette perspective, nul message n’est pensable en dehors du média qui le porte (Gitelman 2006; voir aussi Thérenty 2007).